Juste un mot sue le plus petit théâtre de Montmartre et du monde : pile au milieu des escaliers de cette rue Drevet, où à chaque pallier une porte est fermée sur les secrets de générations de Montmartrois, une incroyable vitrine rouge s’ouvre certains soirs pour nous, les amoureux de la magie d’un lieu de rêve et de soirées de rêve.
C’est sans doute le plus petit théâtre du monde. Vingt places assises, mais sur les rebords intérieurs des fenêtres , en se serrant un peu, on tient encore une poignée de plus. On ferme la petite porte, on est sur une autre planète; Dans la minuscule pièce aux murs de pierre apparente, on descend encore trois marches et on est dans un décor où Alexandre, le maître des lieux va nous offrir un merveilleux voyage où règnent l’amitié, l’authenticité, la joie. Sans oublier la traditionnelle petite bulle au creux de notre verre, et hop, on part en voyage.
" Ce soir jean, Valérie et Marc nous invitent dans leur monde de poésie, de tendresse, d’humour et de mélancolie. J’ai envie de vous les présenter " :
Accompagné par Pascal Bret, aux guitares sèche et électrique, qui nous enchantent dans l’instant (arrangeur; il a travaillé sur scène et/ ou en studio avec Edith Lefel, Gilles Langoureau, Serge Bastille, Nancy Holloway, Annie Philippe, Franck Alamo, Danny Boy, Vic Laurens, Long Chris, Rock’n’roll Legend, Joël Daydé, Vigon, Erick Bamy etc...et bien sûr Jean Olivet- pour qui il a arrangé et réalisé les 2 derniers albums)
Le romantique Jean Olivet, auteur-compositeur-interprète, choriste au sein du Chœur Symphonique de Paris, Jean chante des textes qui viennent du fond de son âge comme on chante une évidence. C’est lui. C’était déjà lui depuis longtemps... Il acommencé par les cafés, les restaurants. Chansons et rencontres. Au début, public clairsemé et hasardeux, mais c’est son public et il chante ses textes et ses musiques. Le public s’étoffe un peu. Il constate que l’on peut partager son univers. Il n’a plus peur de se mettre « tout nu ».
Quelques textes de ce garçon secret dont les chansons sont pur exercice de style qui a, longtemps après, révélé son angoisse profonde de la mort, étrangère jusqu’alors à sa conscience. C’est aussi l’histoire de son disque tout entier. Il me dit : « C’était écrit, je ne voyais rien. Créer c’est être, penser c’est devenir ce qu’on était déjà. »
Ce soir il chante : Une femme seule qui nous raconte qu’étudiant, il a souvent attendu des correspondances à la gare de Narbonne. Par un soir de novembre oùdehors, la tramontane était infréquentable, au buffet, elle était là, seule cliente au fond de la salle. Il n’était pas question pour lui de lui parler. Mais il emporte son image avec lui pour toujours. Dans une chanson. La neige, toujours l’image et le sentiment qu’elle provoque. La neige tombe et pose sa loi qui est de réconcilier l’âme et le monde. Mais très vite, l’impossibilité de demeurer dans cette heureuse exaltation. Et la nécessité d’aller trouver refuge dans l’amour charnel. Utrillo, Il est très beau le texte de Pierre Esperbé, avec un contraste étonnant : Descriptif, très à-plat dans la forme, il contient des mots violents et cet alcoolisme furieux dès la prime adolescence, dont Jean a fait le refrain. « Cabaretier, Sergent de ville, versez à boire à Utrillo ». Ainsi, Utrillo sort du musée et nous demande à boire aujourd’hui dans un Montmartre revenu d’Epinal sans doute.
Jean c’est aussi celui qui se décide à faire un disque : Studio. Arrangements. Musiciens. Un disque. Parce que disque c’est mieux que CD. Du travail de préparation. Une semaine enfermé dans un studio d’enregistrement. Parties d’accordéon, parties de basse et de guitare. Musiciens balèzes. Photos, création pour le livret, site internet, et Jean dit merci à tous les amis, la famille. Il dit « Du travail de pro. Et moi, je suis le chat qui a mangé la souris. Ça se voit sur la photo retenue pour la pochette… » et en 2016, sortie du 2e album : 11 titres. Dont 2 de mes Chansons : une quête pour chacun des jours des années, Père Noël s’il te plaît et Le Miroir cassé .
Quelques mots pour la Valérie Laborde qui m’enchante et qui, ce soir, dans ce Petit théâtre du Bonheur, nous apporte elle auss, un immense et pur plaisir d’une voix qu’on n’imagine que chantant, ou sifflant doucement telle un oiseau de paradis. Elle est toujours là, on n’imagine pas Jean sans elle, frêle et forte à la fois, posée sur scène comme une évidence. Valérie, choriste soprano au Chœur Symphonique de Paris depuis 15 ans, prête ce soir sa voix pour quelques duos reprises, en contrechant. C'est elle qui a conçu les photos de la pochette et le livret de ce 2e album de Jean.
Dans ce décor " d’Il était une fois le monde magique des chansons que l’on n’oublie jamais, au théâtre du petit Bonheur ", Jean, Valérie et Pascal, qui ont fait, comme à chaque fois, chaud au cœur des 20 spectateurs privilégiés que nous sommes, à condition d’arriver assez tôt pour ne pas trouver porte close de ce théâtre lilliputien.
Reportage Linda Bastide. Photos Linda Bastide et Valérie Laborde