Elle a tissé, manière que le nid ne tombe pas, juste à l’embranchement de plusieurs grosses branches, une sorte de grande sacoche à fenêtre, faite de rameaux entrelacés et touffus, dont les aiguilles vertes se confondent, et se cachent derrière le fin rideau de branchettes mortes de cet hiver. La « fenêtre » que l’on aperçoit au milieu de la boule verte sur la photo -parce qu’elle est faite de plus grosses branches nues - la maman écureuil l’a sans aucun doute destinée à regarder venir, de haut et de loin, un ennemi qui pourrait faire du mal à ses petits. Bien au chaud à l’intérieur de ce cocon géant, je les ai entendu piailler doucement à la manière des oiseaux et maman écureuil a bien voulu, tout en en grignotant quelques uns des morceaux de pomme que j’avais déposés au pied du grand pin, emporter les autres dans ses minuscules mains, jusque là-haut, dans l’imprenable et magnifique nid-poste de guet qu’elle a inventé pour ses bébés. L’amour maternel a toujours, et depuis le commencement du monde, donné aux mamans de toutes les espèces une fabuleuse imagination. Reportage Linda Bastide.
Elle a voyagé de pin en pin dans ce petit coin du massif de La Clape. Planté en plein soleil, tranquille au bord de la petite route qui coupe celle, tout aussi petite de Mandirac à Narbonne, elle trouvait que ce pin qui regardait l’étang et le château de Barberousse était super pour y faire le nid où ses petits allaient naître. Mais voilà, elle n’a pas pu, comme le font toutes les mamans écureuils depuis des milliers d’années, ronger le tronc trop dur du grand arbre. Que faire ?...
Pas d’autre solution que de faire marcher la cervelle de sa minuscule cervelle de quelques grammes, et, incroyable miracle, elle a trouvé !
Une maman écureuil extraordinaire !
Dans la lumière du soleil couchant, l’arbre du petit jardin arrière de la maison est venu poser l’ombre de ses branches sur le rideau fermé d’une véranda tranquille, quelque part dans un joli petit quartier qui regarde la Clape et rêve de la mer proche.
Narbonne et son agitation soudaine sont loin derrière.
Le voilà, lui, l'arbre, entré par curiosité voir un peu comment c'était, dedans, chez son amie poète Linda Bastide. Manière aussi sans doute de lui dire :
« Le printemps arrive, je suis là, tout va bien ! »
Linda Bastide
Et le quoi se met à faire un tout petit miaou, puis un autre !
Je ne bouge pas, je soulève ma robe, et je vois une minuscule chose maigre comme pas possible, et au milieu 2 très grands yeux bleus me disant toute la peur et le chagrin du monde !
Je la prend dans ma main, Bernard me dit « Tu ne vas pas adopter tous les chats dun monde ! » Pas le temps de lui répondre, il part avec Galipette, je ne vois plus que son grand dos plein de colère.
Virgule ronronne dans le creux de ma main. Je lui dis « petite chatte, fais-moi voir si tu veux vraiment venir à la maison ! » Je la pose à côté de moi, elle se remet sous ma robe, et tout doucement nous marchons ensemble. De temps en temps je la remets dans ma main. Elle a compris le jeu ! Merci ma Virgule !
Arrivés à la porte de l’immeuble, grâce à toi, j’ai pu dire fièrement à mon « dos en colère » : « tu vois, c’est elle qui m’a adoptée ! »
Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous !...
Aujourd’hui, la petite chose de 300 grammes qui avait déjà eu des petits (morts-nés, bien sûr m’a dit le véto) qui était malade-malade, la petite chose pèse ses 3 kilos, veille sur les poupées et les nounours de ma collection, joue à cache-cache avec Ugo le rouquin, et s’endort sur les genoux d’un Bernard qui n’ose plus bouger d’un cil pour ne pas la réveiller.Quand toute la petite famille monte ou descend en voiture Montmartre-Narbonne ou le contraire, dans leurs paniers, couverts comme des oiseaux, Virgule et Ugo dorment du sommeil des chats heureux, et Belle ( notre petite chienne de Noël, venue du Chenil de la Narbonnaise, quelques jours après l’envol de la petite âme de Galipette pour le pays d’ « Il était une fois le pays des anges »), Belle, lovée sur son bout de siège arrière, veille sur eux, et prière de ne pas déranger les 3 « enfants sages ». Photos et petit conte vrai de Linda Bastide
Virgule le 1er jour au Pont du Guà en 2008 à Narbonne
Comme tous le jours, on se promenait le long du canal de la Robine, tout au bout de la ville de Narbonne, Bernard, Galipette et moi.
C’était l’été 2008 et il faisait bien frais près du Pont du Guà.
Tout à coup, une petite bestiole sort de la friche du derrière le bâtiment en ruine de la SNCF, qui sert de refuge aux routards et à leurs grands chiens plus ou moins commodes, se précipite sous ma longue robe, se couche sur mes pieds, pas le temps de voir quel genre, écureuil ? souricette , quoi ?
Texte et photos Linda Bastide
Et on aurait pu s’en douter, voilà notre petit chien bleu qui part comme une fusée, le nez dans l’herbe, heureusement que son minuscule bout de queue est terminé par une touffe de poils blancs, ça nous permet de toujours voir où elle se trouve, même au milieu des pâquerettes blanches on la voit bien, elle est quand même plus grande ! On court un peu pour la suivre, notre Belle a toujours de l’avance, forcément, elle a 4 pattes, elle va plus vite ! Et, après mille détours et mille contours de buissons, on se retrouve sans savoir comment au pied de l’arbre-gorille !
Belle se couche à ses pieds et nous attend. On les retrouve en train de bavarder comme 2 vieux amis. Quand on arrive ils en sont à se tutoyer ! Et : « Au revoir ! » lui dit l’arbre-gorille.
« Je vois nous dit Belle que les gorilles sont plus polis que des arbres à 2 pattes que je connais ! »
« Tu parles pas pour moi, j’espère !» dit notre arbre à 2 pattes. Texte et photos Linda Bastide
L'arbre-gorille surveille le chemin ouest
Elles arrivent dit le rocher-tortue
Au-revoir dit l'arbre-gorille
Les aventures de Belle au Bois de Boulogne à Paris .
« Euh !... » dit Belle, toute penaude. On a regardé en bas : le lac scintille de soleil, alors on est vite descendu le long de la pente, et elles étaient là, toutes les 2, nos oies sauvages, nageant tranquillement comme si de rien n’était !Finalement, on a décidé de repartir par le même chemin, manière de dire au revoir au gentil arbre-gorille.
Nous voilà sauvés.
L’arbre-gorille lui dit de suivre l’allée tout droit, un gentil arbre-loup fait sa sieste dans un épais fourré, mais c’est à peu près l’heure où il se réveille, ça ira, en plus, il ne mange que des fleurs fanées et lui indiquera la suite. Et nous voilà partis vers l’arbre-loup ! Qui à son tour nous dirige vers l’arbre-insecte, celui-là il connait le bois comme sa poche, pas de problème ! « C’est encore loin le lac ? » lui demande Belle. Mais l’arbre-insecte ne se rend pas bien compte car il se déplace en faisant de grands bonds !
Et quand Belle a quelque idée en tête, l’arbre à 2 pattes et moi on a intérêt à être d’accord !
Du coup, nous sommes arrivés au Bois par une route inconnue, franchement un peu bizarre : à l’Ouest ? au Sud ? Allez savoir !
Mais Belle ne s’appellerait pas Belle si elle se laissait troubler par des sous-bois où peut-être aucun petit chien bleu n’a encore mis la patte !
Elle renifle un peu par-ci par là, elle s’arrête, elle repart, et levant son museau pointu, elle aperçoit un gorille en train de grimper sans se presser le long du tronc d’un grand arbre.
Il fait beau : un beau ciel bleu au-dessus de Montmartre nous invite à partir à pied pour notre voyage des petits après-midis tranquilles au Bois de Boulogne.
Belle veut absolument profiter du beau temps et voir si la deuxième oie est arrivée sur le Lac. Elle veut aussi prendre le chemin des écoliers, ou plutôt le chemin du petit train qui, du temps de nos grand-mères , se prélassait de gare de poupée en gare de poupée dans un creux tapissé d’arbres et de fleurs
Nous voilà bien avancés !
Finalement après avoir demandé son chemin au chien-rocher qui nous dit « Je suis là pour ça, pour remettre les promeneurs étourdis dans le vrai chemin », nous arrivons sans problème par l’autre côté du lac.« Pas étonnant qu’on se soit perdus, dit l’arbre à 2 pattes, quand on n’en fait qu’à sa tête et qu’on ne m’écoute pas, c’est toujours ce qui arrive ! » L’arbre-chèvre et l’arbre-tortue rigolent de nous voir arriver un peu essoufflés.« Forcément, grommelle encore l’arbre à 2 pattes qui est resté planté sur le chemin, forcément, vous avez-vu comme ça grimpe par ici ? »
Le petit désordre du printemps
« Les amoureux d’avril » se promènent, si heureux et tranquilles que pas une vaguelette ne ride l’eau sur leur passage. Et l’oie : « Je vais rester quelques jours ici, dit-elle, j’adore voir les petites boules jaunes et noires nager comme des grands derrière ceux-là. »- L’année dernière, dit Belle, tu n’es pas venue toute seule, il me semble !- Cette année non plus, dit l’oie sauvage, reviens demain et tu le verras !Alors Belle, Petit Epagneul Bleu de Picardie, jolie petite chose marron tachetée de bleu, qui ne sait chasser que les mouches et les cauchemars, Belle regarde au large du Grand Lac, et tout doucement chante la petite chanson magique. L’oie sauvage, la canette grise et son amoureux s’éloignent un peu. Aujourd’hui, il fait beau.
Rond de violettes sauvages
Belle se faufile sous la branche de l’Arbre-Crocodile : il est tellement occupé à guetter l’oie sauvage qui vient juste d’amerrir sous son nez qu’il n’entend plus rien que son caquètement. Belle s’installe pile devant le trou béant de la Caverne Interdite – courageuse, mais pas téméraire – et écoute : « Je viens de très loin, dit l’oie sauvage, j’ai fait les milliers de kilomètres et je suis fatiguée ! »- Comment tu t’appelles ? demande Belle Au lieu de répondre à la question, l’oie sauvage qui, après tout n’a peut-être pas de nom, regarde vers le milieu du lac :
Fleurs de pissenlit-sentinelles
Et la voilà ! Rira bien qui rira le dernier !
- Comment tu t’appelles ? demandent les monstres de l’Arbre d’une seule voix.- Belle, dit Belle, et pas la peine de crier, je connais la chanson !Et elle se met à chanter la petite chanson magique. Alors les Monstres, furieux se tortillent dans tous les sens, mais ils sont obligés de la laisser passer. Pareil pour le Rocher-Lion qui rugit de dépit. Le Rocher-Rhinocéros, lui, est un philosophe, il grogne « c’est bon, c’est bon » et se rendort. Il a les siècles pour lui : ses frères de tous les pays ont disparu, il est le dernier rhino vivant sur terre, alors …
Il n’est pas le seul à grommeler dans son coin !
Plus haut, le Rocher-Lion s’ennuie : il regarde au Nord, il regarde au Sud, à l’Est sa vue est gênée par les buissons, vers l’Ouest, pas le moindre vol d’oies sauvages.
Quant au Rocher Rhinocéros, il est si écœuré qu’il tourne le dos à l’Arbre-Crocodile qui, perché juste au dessus de la Caverne Interdite se confond avec l’écorce du pin qu’il squatte depuis cent ans, et malheur à celui qui s’approche du lac ! Un œil fermé, l’autre ouvert, le Croco attend le vrai printemps.
Il pleut depuis une semaine.
Depuis tout ce temps, l’Arbre aux Monstres qui garde l’entrée du petit chemin n’a vu ni bicyclettes, ni rollers, ni cannes, pas la moindre paire de chaussure de jogging à se mettre sous ses dents de bois. En clair, pas le moindre enfant, pas la moindre grand-mère, pas la moindre coureuse d’allées ni de fana du Marathon !
Promenade de printemps au Bois de Boulogne à Paris.
Tout à coup ils la voient : ils la connaissent, elle s’appelle Belle et elle est maline ! Elle est toujours accompagnée d’un arbre qui marche, du genre qui a la tête dans le ciel de Paris, mais quand même !
C’est sûr, elle est venue sans se presser, elle a fait un grand tour par les sous-bois.
Elle a joué à cache-cache et à saute-fleurs avec les grandes herbes, au milieu des ronds de violettes sauvages, elle a reconnu les trois fleurs de pissenlit-sentinelles qui veillent au bord du lac, elle a rigolé un moment avec la petite smala des pâquerettes qui font, comme d’habitude « l’école-buissonnière » au milieu du gazon.
On connaît le talent international de Linda Bastide en qualité d'actrice, d' écrivain , de poète et... journaliste ! Voici les contes de la planète bleue pour Petits et Grands enfants ...!
Au sommet de sa gloire, Linda, veut mettre au devant de la scène les merveilles que recèle notre belle planète. Les trésors visibles à qui sait les voir, les sons à qui sait les entendre, d'animaux, pierres et arbres. La musique des mots qui apaisent nos maux . Rien qu'un instant, le temps d'une lecture, oublier le chaos, redevenir enfant, et, s'endormir serein, la tête dans les nues, où même dans les bois. Tout comme Belle, étandue sur la mousse à l'ombre du grand chène qui garde le chemin . Si le vent dans les branches lui chante une chanson, à travers le feuillage, le soleil cligne des yeux, croyez vous qu'il flirte un peu ? ...